Page:Bachelin - Le Serviteur.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
LE SERVITEUR

d’où nous tirons notre origine. Et leurs traditions, parmi ce clair de lune diffus, brillent d’un éclat précis, comme la lucarne d’une ferme sous le soleil d’août, à deux heures de l’après-midi. Où furent-ils ensevelis, les hommes de ces temps anciens où saint Germain d’Auxerre, lorsqu’il traversa notre pays, fit des ours une grande destruction et chassa les démons qui le suppliaient ? Eux-mêmes, nos ancêtres, devaient les apercevoir, avec leurs cornes, embusqués derrière les chênes et tapis dans les buissons. Toi-même me parlas souvent du démon que tu voyais siégeant à l’entrée de l’enfer, armé de sa fourche à trois dents.

Où furent-ils ensevelis, ces serfs du moyen âge qui, vêtus de peaux de bêtes, se terraient à la tombée de la nuit dans leurs misérables huttes et peut-être parmi les rochers que l’on trouve dans nos bois ?

Où furent-ils ensevelis, ces humbles artisans dont il ne subsiste point trace dans l’histoire ? Et ces petits marchands pour qui leur comptoir était l’axe de la vie de l’univers ?

Un peu partout, sans doute, mais, les der-