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LE SERVITEUR

niers, surtout autour de la vieille église disparue. Je devine qu’il y a de leurs cendres mêlées à l’humus des bois, à la terre des champs, au sol des routes. Pour les revoir, je ne veux pas attendre qu’éclate la trompette de l’Archange.

Je ne regarde pas que les tombes. J’aperçois quelques maisons de la petite ville dont les humbles toits de paille, d’ardoises ou de tuiles sous le clair de lune ne se différencient plus.

Je ne regarde pas que ces maisons. Mes yeux retrouvent l’immense plaine avec ses bois confus, avec ses villages qu’il faut avoir vus bien des fois pour les reconnaître. Ceci qui luit sous la lune, est-ce l’étang de Vaurins, un des toits d’ardoises de Marné ? Je sais que c’est l’étang. Les fermes, les villages, je les devine tous, ceux de la plaine, ceux des bois, avec leurs chaumières à fenêtres sans rideaux et leurs granges dont les aires sont plus propres que les carreaux des chaumières, avec leurs ruelles sales et leurs champs soigneusement entretenus ; je les devine tous, dispersés autour de la petite ville ; et, ce soir, tous pour moi rayonnent mystérieusement vers le cimetière.

Et cette plaine, que bornent des montagnes