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LE SERVITEUR

Parfois le Serein gonflait et faisait tourner trop vite la roue du moulin. Elle avait peur aussi des revenants et des sorcières.

Elle avait ensuite été domestique à Avallon chez une dame veuve dont le fils, qui « étudiait pour être officier », la taquinait un peu ; mais elle était défendue par la bonne dame. Elle apprit à faire le marché. Elle apprit aussi à frotter les cuivres ; il n’y en avait pas dans la chaumière de Tour-de-Pré, ni même au moulin.

Puis elle aussi s’en était allée à Paris.

Vos destinées avaient été semblables, et vous étiez presque « pays ». Tu vins avec elle vivre à Tour-de-Pré. Ton premier soin fut de faire bâtir une maison. J’en ai sous les yeux, le coût détaillé de ta main. Tu la payas 1831 fr. 83. Les centimes n’ont pas été oubliés, parce qu’il faut avoir de l’ordre, et que tout de même il s’en fallait de trois sous seulement qu’il y eût à donner dix-huit cent trente-deux francs. C’est une somme. Mais pour ce prix tu avais ta maison. D’ailleurs, tu n’en profitas guère que trois ans. Et tu n’y vécus pas en rentier. Tu travaillais dans une fabrique de ciments de Vassy. Bientôt la poussière t’eut fait tousser. Puis la