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LE SERVITEUR

Il ne m’apparaît point qu’avant cette date tu aies été particulièrement attiré par la religion. Réservé, pacifique, tu l’étais ; pieux, je ne le crois pas. Je ne veux pas faire de toi un de ces saints dont de belles légendes nous ont conté les précoces extases. Ce fut seulement pas à pas que tu t’acheminas vers le plus haut sommet de perfection qu’il te fût donné d’atteindre. Tu ne volais pas comme avec des ailes. Tu marchais du pas traînant et un peu lourd de celui qui, dès l’aube de sa vie, a connu la fatigue.

Pour te rapprocher de l’église, tu louas, près des Promenades, cette maison où tu restas trente ans. Elle ne t’a jamais appartenu. Mais tu l’as faite tienne et nôtre. Encore aujourd’hui, je ne puis passer devant son seuil sans être tenté de le franchir : nous y avons laissé, moi plus que mon enfance, toi le meilleur de ta vie qui se trouva désormais partagée entre les jardins et l’église, entre le travail et la prière.