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LE SERVITEUR

allait solidement mordre entre les rochers.

Je te vois marchant derrière le chariot qui portait toute votre fortune : quelques meubles, du linge, et des ustensiles de cuisine. Je ne dis pas que, voyageur lyrique, tu aies salué de la voix, ni du geste, ni même d’un battement de cœur, ton pays natal. Aurais-tu voulu le faire que tu avais trop la pudeur de tes émotions pour les exprimer, et même pour leur permettre de se développer au dedans de toi-même. Il n’y avait pas en toi de cercles concentriques.

Tu retrouvas ton père et ta mère. Il y avait pour vous deux de la place dans leur auberge. C’était une longue maison basse divisée en deux grandes pièces dont chacune avait sa porte sur la cour, sa cheminée et son lit. L’une servait de salle : l’autre fut à votre disposition.

Tout de suite tu te mis à chercher du travail. Tu en trouvas chez quelques commerçants et chez quelques bourgeois. Puis, le poste de sacristain étant devenu vacant, tu l’acceptas en 1880. Tu ne le quittas guère qu’un an avant de mourir. Trente années environ tu fus le serviteur de Dieu dans son église. Tu avais trouvé ta voie.