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LE SERVITEUR

dans la ville où je n’ai pas couché deux nuits que je ressemble à ceux qui l’habitent ; j’en veux sortir. » Tu ne remarqueras point la finesse extrême de ce trait : « elle me paraît peinte sur le penchant de la colline. » Mais tu ne comprends ni ce mépris, ni cette hâte de partir. Qu’ont donc de si répugnant ceux qui vivent là ? Ah ! Sans doute, ils ne sont pas très instruits. Ils s’inquiètent peu des intrigues de la Cour et de la Ville. Ils ignorent qu’on représente des tragédies, qu’on prononce des Oraisons funèbres, qu’on peigne, qu’on sculpte, qu’on arrange, pour flatter les yeux du Roi, de magnifiques jardins. Sans doute, ils n’ont point ces belles manières qu’on cultive comme des fleurs rares. Mais comme on perd à ne point essayer de les comprendre, à vouloir partir tout de suite ! Qu’elle soit située à mi-côte, au milieu de la plaine, au sommet d’une montagne, c’est dans la petite ville qu’on peut le mieux surprendre les pulsations du pouls de notre pays. Ailleurs, il lui arrive d’être déréglé par de brusques accès de fièvre. Il bat, ici, avec la perpétuelle monotonie des balanciers de nos vieilles horloges qui jamais ne s’arrêtent.

Mais n’en est-il pas des petites villes comme