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LE SERVITEUR

maisons. Elle ressemble à une petite vieille qui trottinerait perpétuellement. On l’entend heurter, de son bâton, le bois de la cheminée. Elle n’a été mise au monde que pour marcher. Elle ne s’arrête jamais, que lorsqu’elle se sent trop fatiguée. Alors, pour qu’elle reparte avec une provision nouvelle de courage, tu la réconfortes, tu la remontes.

Flanqué de deux chaises de paille, un fauteuil couvert de velours rouge semble donner audience devant chacun des lits. La pièce est pavée de carreaux aussi soigneusement lavés chaque matin que l’est une fois par semaine le linge. Ils sont si propres et si luisants qu’ils ont l’air, eux aussi, d’être repassés.

À elle seule, cette pièce est pour mon enfance un univers qu’à mon intention tu aurais créé. Ces murs, ce n’est pas toi qui les as fait sortir de terre ni monter jusqu’à la hauteur où poutres, solives et plafond les réunissent pour nous mettre à l’abri du vent qui souffle horizontalement, de la pluie et de la neige qui obéissent à la verticale, sauf lorsqu’elles sont contrariées par le vent. Mais il ne les domine jamais au point de leur imposer sa propre direction, et