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LE SERVITEUR

elles ne restent pas tellement libres qu’elles puissent conserver la leur. Elles vont alors suivant une ligne oblique dont ne s’effraient ni les murs droits, ni le toit en pente douce. Tu n’es responsable de l’existence ni des murs, ni des plafonds, ni du toit. Mais ces meubles, mais ces mille objets dont chacun occupe la place qui lui fut assignée sur la cheminée, dans les armoires, dans les placards, sur la table, c’est à toi que les doit la maison. Ce sont eux qui lui donnent sa physionomie personnelle. Ils sont si nombreux que mon enfance ne se familiarise pas également avec tous. Ils sont si nécessaires qu’elle n’imagine pas qu’un seul d’entre eux puisse lui manquer. Ils sont si beaux dans leur utilité qu’ils semblent avoir été créés exprès pour nous, comme notre monde avec ses eaux, ses bois et ses jardins a été fait pour être le paradis terrestre de l’homme. Ici c’est toi qui es le maître. Tu entres avec tes sabots. Ils sont si lourds que je ne puis soulever les deux à la fois. Dans un seul, mes deux pieds tiendraient facilement.

Et il n’y a pas que cette pièce. Juste en face de la porte d’entrée et séparant les deux alcôves, voici un corridor étroit et court. Ceux qui entrent