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LE SERVITEUR

ici pour la première fois peuvent penser qu’il conduit à la cave. Mais nous savons que la cave est plus loin et qu’on trouve, après avoir suivi le corridor, une deuxième pièce qui est comme une autre maison. Deux vieux l’habitaient, que j’ai vus sans les voir, à l’époque où mes yeux s’ouvraient. On les appelait le père et la mère Louis. Je sais qu’ils étaient l’un et l’autre très vieux. Leur place eût été plutôt dans la chaumière enfumée d’un village ; mais, de cette pièce où ils vivaient, ils n’avaient pas eu de peine à faire comme une chaumière. Avec sa grande cheminée où deux pierres plates remplaçaient les chenets, ses quelques meubles anciens et ses murs non recouverts de papier, elle eût fait bonne figure auprès de la ferme de ton enfance. Les deux vieux s’en sont allés nous savons bien où : ils n’en reviendront pas. On a abattu la mince cloison de briques qui fermait le petit corridor. Nous nous sommes agrandis : nous avons loué la maison où vivaient le père et la mère Louis. Elle a sa porte et sa fenêtre percées dans le mur gouttereau qui regarde le sud-ouest : en été, le soleil ne les visite qu’à partir de dix heures du matin ; l’hiver c’est seulement