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INTRODUCTION.

bleu vint s’y percher. Il y fut à peine qu’il entendit une personne qui se plaignait : « Souffrirai-je encore longtemps ? disait-elle ; ne te suffisait-il pas de me rendre témoin du bonheur que ton indigne filleule goûte avec le roi Charmant ? »

« L’Oiseau bleu écoutait, et plus il écoutait, plus il se persuadait que c’était son aimable princesse qui se plaignait.

« Il lui dit : « Adorable Florine, vos maux ne sont point sans remède.

« — Eh ! qui me parle, s’écria-t-elle, d’une manière si consolante ? »

« — Un roi malheureux, reprit l’oiseau, qui vous aime et n’aimera jamais que vous. »

« En achevant ces mots, il vola sur la fenêtre.

« Florine eut d’abord grand’peur d’un oiseau si extraordinaire, qui parlait avec autant d’esprit que s’il avait été homme ; mais la beauté de son plumage et ce qu’il lui dit la rassura.

« M’est-il permis de vous revoir, ma princesse ? s’écria-t-il. Puis-je goûter un bonheur si parfait sans mourir de joie ?

« — Et qui êtes-vous, charmant oiseau ? dit la princesse en le caressant.

« — Vous avez dit mon nom, ajouta le roi, et vous feignez de ne pas me connaître !

« — Quoi ! le plus grand roi du monde ; quoi ! le roi Charmant, dit la princesse, serait le petit oiseau que je tiens ? »