Monté sur Grani, le cheval du forgeron Mymer, Sigfrid eut bientôt gagné la mer ; un petit navire le porta à travers les flots en furie. Le rossignol se percha au haut du mat, jusqu’à ce que le navire abordât à une terre de pauvre aspect, déserte et rocheuse. Grani gravit promptement le roc ; il se mit à ruer et à hennir quand il sentit la chaleur du brasier, qui projetait autour du fort de Ségard des flammes sauvages et une lumière semblable aux rayons du soleil le plus éblouissant.
Plus l’impétueux coursier approchait du foyer incandescent, plus le chant du rossignol retentissait au-dessus de la tête de Sigfrid. Il chantait :
« La flamme entoure de tous côtés le château de
Ségard ; là, depuis cinquante ans, Brunehilde est
captive ; mais le hardi chevalier franchit la barrière
ensorcelée de la forteresse. Marche, marche
sans peur, Sigfrid ; par ton courage, tu obtiendras
la jeune et belle princesse. »
Le vent se taisait autour du château ; la bannière
du seigneur châtelain pendait immobile à la plus
haute tour. La sueur coulait à grosses gouttes du visage
du jeune héros ; la chaleur le suffoquait. Rien
n’y fait, Sigfrid lance son coursier à travers cette
mer de feu. Les flammes se séparent et lui livrent
un libre passage. Entré dans le château, Sigfrid reste