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INTRODUCTION.

stupéfait : autour de lui un silence de mort, et, quoique depuis longtemps il fît jour, tout dormait encore. Sur les remparts, la garde sommeillait, le cor à la main ; les chiens dormaient à l’entrée de la basse-cour, les pigeons et d’autres volailles dormaient tranquillement sur la herse. Et quand Sigfrid se mit à marcher, ses pas résonnèrent solitaires par les longs corridors du château ; personne ne vint au-devant de lui pour le recevoir. Dans la cuisine, l’aide du cuisinier était assis, endormi auprès de sa broche ; là, ronflait une servante, un poulet à la main, prête à le plumer ; le cuisinier dormait sous la cheminée. Et plus Sigfrid avança, plus grand devint son étonnement, car dans tous les appartements il ne voyait qu’hommes et femmes endormis. Enfin, il entra dans la salle d’honneur du château, et il fut ébahi de voir dans un riche et élégant fauteuil un chevalier armé de pied en cap, dormant d’un profond sommeil. Le casque qui lui ceignait la tête, son haubert, sa cuirasse et le bouclier qui lui pendait au côté, tout était d’un travail remarquable et étincelait d’or et de pierreries. Sigfrid ne put résister au désir d’ôter le casque à cet élégant dormeur, il le fit, et, ô surprise ! une jeune femme aux joues vermeilles se trouva devant lui. Telle qu’une rose épanouie qui brille au milieu d’une guirlande de verdure, ainsi se détachait de sa jaune cuirasse la plus belle figure de vierge. Aussitôt Sigfrid tira son épée, et de son tranchant délivra de cette armure étincelante les membres de la jeune