Page:Backer - Bidasari.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
31
INTRODUCTION.

beauté, qui en sortit radieuse comme une rose du bouton qui la renferme.

Sigfrid fut dans l’admiration ; il sentit une douce haleine s’échapper de ces lèvres virginales, et ne put se défendre d’y déposer un baiser. Aussitôt les yeux de la belle dormeuse s’ouvrirent ; elle les porta avec amour sur son sauveur, comme l’étoile du soir qui scintille à travers des nuages diaphanes :

« Vous êtes Sigfrid, fils de Sigemond ? » dit Brunehilde, car c’était elle qu’il avait devant lui.

« Qui aurait eu, si ce n’est vous, la force de briser ces liens imposés par le sort, et le courage d’affronter ce brasier ardent ? »

Sigfrid répondit : « Je suis Sigfrid, fils de Sigemond, le tueur du dragon, et des ce jour, vous serez à moi. »

Brunehilde, la fière princesse, se leva de son siège comme une fleur qui se dresse sur sa tige aux premiers rayons du soleil.

Sigfrid parcourut avec elle les vastes salles de Ségard, et il trouva occupés tous les serviteurs du château. Maître d’hôtel, maréchal et chambellans, tous s’approchèrent avec respect de leur nouveau seigneur. La broche tournait dans la cuisine, les servantes étaient à leur besogne. Les chiens aboyaient dans la cour, les chevaux hennissaient dans les écuries, le guet sonnait la diane du haut de la tour, les pigeons voltigeaient autour du château. Toute magie fut vaincue et bannie, excepté celle de