Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/123

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tent à la suite de certains auteurs, pour leur servir de cortège et de décoration. Et qu’on ne vienne pas nous dire que les sciences croissant peu à peu, arrivent enfin à une sorte d’état[1], et qu’alors enfin, comme ayant fourni leur carrière, elles fixent en quelque manière leur domicile dans les ouvrages d’un petit nombre d’auteurs ; que, ne pouvant plus rien découvrir de meilleur, ce qu’on put faire de mieux, ce fut de cultiver et d’orner ce qui étoit déjà inventé. Eh plût à dieu que les choses se fussent passées ainsi ! Mais voulons-nous parler avec plus de vérité et d’exactitude ? Disons que tout cet esclavage scientifique n’est autre chose qu’un effet de l’audace d’un petit nombre d’hommes, et de la mollesse, de l’inertie des autres. Car une fois que les sciences ont été cultivées et traitées par parties avec assez de soin, tôt ou tard s’élève quelque esprit plus

  1. Terme de médecine, qui signifie le maximum, le plus haut point d’une maladie.