Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/227

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me qu’on a reproché à Démosthènes, à Cicéron, à Caton d’Utique, à Sénèque et à plusieurs autres ; que les temps dont ils lisent l’histoire, étant meilleurs que ceux où ils vivent, et les préceptes valant toujours mieux que les actions, ils s’efforcent beaucoup plus qu’il ne le faudroit, de ramener un siècle corrompu à la pureté des préceptes et des dogmes dont ils sont nourris, et d’imposer à un temps de dissolution, des loix qui ne conviennent qu’à la sévérité des mœurs antiques ; mais s’ils ont besoin de quelque avertissement à cet égard, ils sont à même de le puiser dans leurs propres sources. Car Solon comme on lui demandoit s’il avoit donné à ses concitoyens les meilleures loix possibles, répondit : non les meilleures possibles, mais les meilleures de celles qu’ils eussent voulu accepter. Platon aussi voyant les mœurs de ses concitoyens corrompues à tel degré qu’il ne pouvoit les supporter, s’abstint de tout emploi public, prétendant qu’il falloit se conduire avec