Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/230

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les cinq premières années de Néron, n’abandonna point son poste, dans le temps même où ce prince étoit déjà souillé des crimes les plus honteux, et ne cessa point de lui ménager ses conseils avec une noble confiance et une généreuse liberté ; conduite qu’il ne put soutenir sans s’exposer lui-même au danger le plus imminent, et qui fut enfin cause de sa perte. Et en pouvoit-il être autrement ? vu que la science pénètre l’ame humaine du profond sentiment de sa fragilité, de la dignité de l’homme, et des devoirs que lui imposent ses hautes destinées ; toutes considérations, telles, que ceux qui ne les perdent jamais de vue, ne peuvent en aucune manière se persuader qu’ils doivent regarder comme le souverain bien et comme leur principale fin, leur propre agrandissement. C’est pourquoi ils vivent comme devant rendre compte à Dieu, et à leurs maîtres après Dieu, soit rois, soit républiques, et rendre compte sous cette formule : voilà ce que j’ai gagné pour toi ; et non