Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/261

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Or, cette crédulité qui a revêtu tels auteurs des sciences d’une certaine prérogative de dictateur pour statuer, et non d’une simple autorité de sénateur pour conseiller, a fait un tort infini aux sciences. C’est la principale cause de leur décadence et de leur abaissement. C’est là ce qui fait qu’aujourd’hui, manquant de substance, elles ne font que languir et ne prennent plus de sensible accroissement. De là il est arrivé que, dans les arts méchaniques, les premiers inventeurs ont fait peu de découvertes, et que le temps a fait le reste. Mais que dans les sciences, les premiers auteurs ayant été fort loin, le temps n’a fait que miner et ruiner leur ouvrage. Aussi voyons-nous que les arts de l’artillerie, de la navigation, de l’imprimerie, arts d’abord imparfaits, presque informes et onéreux à ceux qui les exerçoient, se sont dans la suite des temps perfectionnés et appropriés à nos usages. Au contraire, les philosophies et les sciences d’Aristote, de Platon, de Démocrite,