Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/270

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Une autre erreur qui succède à celle que nous venons de relever, est qu’une fois que les sciences et les arts sont distribués dans leurs classes, la plupart renoncent bientôt à la connoissance universelle des choses et à la philosophie première[1] ; car c’est sur les tours et autres lieux élevés qu’on se place ordinairement pour découvrir au loin, et il est impossible d’appercevoir les parties les plus reculées et les plus intimes d’une science particulière, tant qu’on reste au niveau de cette même science, et si l’on ne monte, pour ainsi dire, sur une science plus élevée, pour la considérer de là comme d’un béfroi.

Il est une autre espèce d’erreur qui découle de cette vénération excessive, de cette sorte d’adoration où l’on est devant l’entendement ; sorte de culte dont l’effet est que les hommes abandonnent

  1. Nous verrons plus bas que cette philosophie première est comme le réservoir des principes communs à tous les arts et à toutes les sciences.