Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/305

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dirai plus : les sénateurs eux-mêmes et les conseillers dont l’esprit est cultivé, s’appuient sur des principes plus solides que ceux qui sont instruits par la seule expérience ; les premiers prévoyant de plus loin les inconvéniens, et prenant de bonne heure des mesures pour s’en garantir : au lieu que les derniers ne voient le mal que de près et n’ont qu’une sagesse de courte portée, ne voyant jamais que le péril imminent, et se flattant qu’ils pourront enfin grace à l’agilité de leur esprit, se tirer d’affaire au moment même du danger.

Or, cette félicité dont les empires ont joui sous des princes éclairés (pour ne point me départir de cette brièveté dont je me suis fait une loi et pour n’employer que les exemples les plus choisis et les plus illustres) ; cette félicité, dis-je, se montre sensiblement dans le siècle qui s’écoula depuis la mort de Domitien jusqu’au règne de Commode ; période qui embrasse une succession non interrompue de princes savans, ou du moins très favorables aux sciences, et qui, de