Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/329

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vraie source de toute foiblesse dans les résolutions. Car les choses étonnent, ou parce qu’elles sont nouvelles ou parce qu’elles sont grandes. Quant à la nouveauté, tout homme profondément imbu des lettres et de la contemplation des choses, aura toujours présent à l’esprit cette sentence : il n’est rien de nouveau sur la terre. Et le jeu des marionettes n’auroit rien d’étonnant pour qui mettant la tête derrière le rideau, verroit les fils et les machines qui servent à mouvoir ces figures. Quant à la grandeur, de même qu’Alexandre accoutumé à de grandes batailles et à de grandes victoires en Asie, lorsque de temps à autres il recevoit des lettres de Grèce contenant la nouvelle de certaines expéditions qu’on y avoit faites, de certains combats qu’on y avoit livrés, et où il s’agissoit le plus souvent de s’emparer d’un pont, d’un château, ou tout au plus, de quelque ville ; de même, dis-je, qu’Alexandre, en recevant de telles lettres avoit coutume de dire, qu’il lui sembloit