Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/334

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tôt un déshonneur qu’un honneur ; et l’empire d’un tyran sur un peuple servile, sans courage et sans générosité, n’est guère plus honorable. Aussi pensa-t-on dans tous les temps que les honneurs sont plus doux dans les monarchies libres et dans les républiques, que sous les tyrans parce qu’il est plus honorable de commander à des hommes qui obéissent volontairement, qu’à ceux dont l’obéissance est contrainte et qui ne cèdent qu’à la force. C’est pourquoi Virgile, usant de tout son art, et voulant, parmi les honneurs, choisir les plus exquis pour les adjuger à Auguste, emploie ces expressions : mêmes vainqueur en tous lieux, il veut commander à des peuples à qui l’obéissance soit douce ; et c’est ainsi qu’il se fraie un chemin vers l’olympe.

Mais l’empire de la science est infiniment plus élevé que l’empire sur la volonté, supposée même parfaitement libre et dégagée de toutes entraves ; car la première commande à la raison, à la foi, à l’entendement même, qui est la partie la