Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/370

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crits par le temps et le lieu ; car quoique l’histoire naturelle semble s’occuper des espèces, néanmoins si elle le fait, ce n’est qu’à cause de la ressemblance qu’ont entr’elles, à beaucoup d’égards, les choses naturelles comprises sous une seule espèce, ensorte que, qui en connoît une, les connoît toutes ; ressemblance qui porte à les confondre. Que si l’on rencontre quelquefois des individus uniques en leur espèce, comme le soleil et la lune[1], ou qui à certains égards s’écartent beaucoup de leur espèce, on n’est pas moins fondé à les décrire dans une histoire naturelle, qu’à décrire les

  1. Il se peut que le chancelier Bacon n’eût pas encore connoissance des satellites de Jupiter, découverts par Galilée ; mais il semble qu’un si grand génie devoit conjecturer que la terre n’étoit pas la seule planète qui eût une lune, ou plusieurs, faisant leurs révolutions dans des temps déterminés ; d’ailleurs il n’avoit pas besoin de télescope pour voir l’espace tout semé de soleils, et pour s’assurer par lui-même que le nôtre n’est point unique en son espèce.