étonné que notre temps connoisse si peu ses biens, en voyant qu’on prend si peu la peine d’écrire la vie de ceux qui se sont distingués dans notre siècle. Car, quoique les rois et ceux qui jouissent de la puissance absolue, ne puissent être qu’en petit nombre, et que les citoyens distingués dans les républiques, la plupart étant déjà changées en monarchies, ne soient pas non plus en fort grand nombre ; néanmoins il y a eu, même sous des rois, assez d’hommes illustres qui méritoient quelque chose de plus qu’une réputation vague et incertaine, ou que d’arides et maigres éloges. En effet, il existe à ce sujet une fiction dont un de nos poëtes les plus modernes a enrichi une fable ancienne, et qui n’est pas sans élégance. À l’extrémité du fil des Parques, dit-il, est suspendue une médaille, ou une pièce de métal précieux, sur laquelle est gravé le nom de chaque défunt. Le temps emprunte les ciseaux d’Atropos, coupe le fil, enlève la médaille ; puis les emportant toutes avec lui, il les
Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/420
Apparence