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DES SCIENCES, L. II. CH. VIII.

peu à peu de son exactitude ; et que son attention, qui s’étend à tant de choses, se relâchant, par cela même, dans chacune, il ne se saisisse des bruits de ville, des contes populaires, et ne compose son histoire de relations très peu authentiques, et de matériaux légers de cette espèce. Ce n’est pas tout : forcé, pour ne pas donner à son ouvrage une étendue immense, d’omettre bien des choses qui méritent d’être rapportées, il retombe ainsi à la mesure étroite des abrégés. Il est encore un autre inconvénient qui n’est pas petit, et qui est diamétralement opposé au but d’une histoire universelle : c’est que, si une histoire de ce genre conserve telle narration, qui sans elle eût péri, au contraire, d’autres narrations assez utiles, qui sans elle eussent vécu, elle les étouffe, à cause de ce goût excessif qu’ont les hommes pour la brièveté.