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DES SCIENCES, L. II. CH. XIII.

n’est son mariage avec Écho. Car le monde jouit de lui-même, et en lui-même jouit du tout. Or, qui aime, veut jouir ; mais au sein de l’abondance il n’est plus de place pour le désir. Ainsi le monde ne peut avoir ni amour, ni désir, vu qu’il se suffit à lui-même ; à moins qu’on ne le dise amoureux des discours. Et c’est ce que représente la nymphe Écho, qui n’est rien de solide, et se réduit à un pur son : ou si ces discours sont un peu soignés, ils sont alors figurés par Syrinx ; je veux dire les paroles qui sont réglées par certains nombres, soit poétiques soit oratoires, et qui forment une sorte de mélodie. C’est donc avec raison que, parmi les discours et les voix, l’on choisit Écho pour la marier avec le mon-

    blement, c’est la lutte d’un homme d’un vrai talent, mais pauvre, avec un homme riche, qui se pique de ce même talent sans l’avoir ; ces deux adversaires choisissant pour arbitre un sot, avide d’argent, espèce de juge qui ne manque pas de décerner le prix au plus riche.