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PRÉFACE

et ce qu’ils auroient laissé dire en faveur de leur liberté, ils le feroient eux-mêmes, ou le laisseraient faire. «

» Mais cette route, bien que la plus courte, étant pavée de crânes humains, et couverte de boue détrempée de sang, qui peut souhaiter cette affreuse abréviation ? Avant d’entreprendre cette pénible marche vers la liberté, attendons qu’il soit jour ; en attendant un peu, nous nous ferons un chemin plus facile, et nous n’aurons que la peine d’accepter ce qu’en nous pressant trop, il faudroit arracher. Plus la mesure de liberté à laquelle aspirera une nation, sera proportionnelle à sa mesure de vertu, et le progrès de son affranchissement, parallèle au progrès de sa raison, moins ses révolutions seront sanglantes, et plus le fruit en sera assuré. Homme de paix, par état et par goût, dois-je éveiller, dans le cœur de mes concitoyens, les passions féroces ? Non. Si le devoir du guerrier est de répandre, quoiqu’à regret, le sang de l’ennemi, pour épar-