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DU TRADUCTEUR.

truire, qui a long-temps éloigné des ouvrages de Bacon les traducteurs et les lecteurs même ; on s’est imaginé qu’ils sont tout remplis d’abstractions, de pensées, qui peuvent être vraies, mais qui, étant obscures et de peu d’utilité, ne méritent pas de fixer l’attention d’un lecteur judicieux : voilà le préjugé. La vérité est que l’ouvrage de la grande restauration, le seul qui ait donné lieu à cette conjecture si peu fondée, est écrit ex professo, contre la manie d’abstraire et de généraliser avant le temps, Que ce logicien du premier ordre (maître de Locke, de Newton, de Boërrhave, de Haller, de Condillac, etc. écrivains qui, dans les sciences de faits, nous rappellent sans cesse à l’expérience) veut qu’on demeure long-temps attaché aux faits, et qu’on ne s’élève que très lentement aux principes, comme on l’a vu dans le préambule, où je n’ai pu lui prêter que les opinions répandues dans ses écrits, et que tel est son mot, qui en montre parfaitement le véritable esprit : avant de rien prononcer sur le droit, il faut être bien informé sur le fait ; et lorsque l’enquête est insuffisante, il faut renvoyer ses lecteurs et soi-même à un plus ample informé : ce qu’il a d’autant plus droit de dire, que ce droit, il l’a acquis par le fait, en prêchant d’exemple lui-même. Mais comme ces allégations générales pourroient encore laisser quelque doute, il semble que, pour ôter