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Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/181

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XVII. De la superstition.

Il vaut mieux n’avoir aucune idée de Dieu, que d’en avoir une idée indigne de lui, l’un n’étant qu’ignorance ou incrédulité ; au lieu que l’autre est une injure et une impiété ; car on peut dire avec fondement que la superstition est injurieuse à la divinité. Certes, dit le judicieux Plutarque, j’aimerois mieux qu’on dit que Plutarque n’existe point, que d’entendre dire qu’il existe un certain homme appelé Plutarque, qui mange tous ses enfans aussi-tôt après leur naissance, comme les poëtes le disent de Saturne. Et comme la superstition est plus injurieuse à Dieu que l’irréligion, elle est aussi plus dangereuse pour l’homme ; l’athéisme du moins lui laisse encore beaucoup d’appuis et de guides, tels que la philosophie, les sentimens de tendresse qu’inspirent la nature même, les loix, l’amour de la gloire, le désir d’une bonne réputation ; toutes choses qui suffiroient pour le con-