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Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/182

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duire à un certain degré de vertu morale, du moins extérieure[1], en supposant même qu’il soit tout-à-fait sans religion. Au lieu que la superstition renverse tous ces appuis, et établit dans les âmes humaines un vrai despotisme. Aussi l’athéisme n’a-t-il jamais troublé la paix des empires ; car il rend les individus très prudens par rapport à ce qui les regarde eux-mêmes, et fait qu’ils ne s’occupent que de leur propre sûreté, sans s’embarrasser de tout le reste. Nous voyons aussi que les temps les plus en-

  1. Ce ne sont rien moins que des vertus réelles qui font subsister les sociétés, mais seulement des vertus apparentes et nécessitées par des besoins réciproques, qui sont la vraie base de l’association ; cependant, comme ces vertus de théâtre ont des effets physiques à peu près semblables à ceux qu’auroient des vertus plus réelles, et qui suffisent pour conserver les sociétés, on s’en contente, faute de mieux ; on les exige de nous ; on nous en fait contracter l’habitude ; et les sociétés subsistent : nous n’en sommes pas plus heureux, mais du moins nous existons.