Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en fut de même de beaucoup d’autres personnages. Les Stoïciens se donnent trop de soins pour exciter les hommes à mépriser la mort, et tous leurs préparatifs ne font que la rendre plus terrible ; j’aime mieux celui qui a dit que la mort est la dernière fonction et le dernier acte ou le dénouement de la vie[1]. Il est aussi naturel de mourir que de naître, et l’homme naissant souffre peut-être plus que l’homme mourant[2]. Ce-

  1. Finem vita extremum inter munera ponit naturae. Comme, en latin, le mot munus signifie également une fonction, un office et un présent, un don, etc. on pourroit traduire ainsi ce vers : la mort est le dernier bienfait de la nature, traduction tendant également au but de l’auteur, qui est de faire mépriser la mort.
  2. La mort n’est point un mal, mais la crainte de la mort en est un, et l’homme a cette craints, parce qu’il est sujet à mourir. Il est aussi naturel à un être sensible de craindre sa destruction, que d’aimer sou existence ; cette crainte lui est aussi nécessaire que la faim ou la soif ; la nature lui a donné ce sentiment, pour assurer sa conservation et le garantir de la mort même, en éveillant con-