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Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/324

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de l’ignorance ; ainsi, le vrai remède à cette infirmité, c’est de s’instruire, au lieu de nourrir les soupçons et de les couver, pour ainsi dire, dans le silence ; car les soupçons se nourrissent dans les ténèbres, et se repaissent de fumées. Après tout, ces soupçons et ces ombrages sont aussi injustes que nuisibles ; les hommes ne sont rien moins que des anges ; ils vont à leurs fins, comme vous allez aux vôtres ; vous qui les soupçonnez, exigeriez-vous qu’ils s’occupassent de votre intérêt plutôt que du leur ? Ainsi le plus sûr moyen pour modérer ces soupçons, c’est de prendre ses précautions, comme s’ils étoient fondés, et de les réprimer comme s’ils étoient faux. Car l’avantage de ces soupçons ainsi modérés, sera que nous nous arrangerons de manière que, dans le cas même où ce que nous soupçonnons se trouverait vrai, nous n’en aurons rien à craindre.

Les soupçons qui ne nous viennent, que de nous-mêmes, ne sont qu’un vain bourdonnement ; mais ceux que nous ins-