Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/365

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continent et sans île ; raisonnement qui, étant encore appuyé de cette antique tradition qu’on trouve dans le Timée de Platon, et sur ce qu’il dit de son Atlantide, put fort bien enhardir le poëte à convertir la conjecture en prophétie[1]. La troisième, la dernière et la principale cause, est que la plupart de ces

  1. On peut ranger dans cette classe cette prédiction si ancienne et si connue : la France périra faute de bois. Un spéculatif, ou, si l’on veut, un spéculateur, considérant, 1º. que les grands abusoient de leur crédit pour violer ouvertement les loix établies par rapport aux forêts, et qu’obtenant fréquemment des coupes avant le temps, ils finiroient par mettre ainsi tout notre sol à découvert ; 2°. que les professions et les entreprises qui occasionnoient une immense consommation de bois, se multiplioient d’années en années, aura publié sur ce sujet une conjecture, que le vulgaire aura ensuite convertie en prophétie, afin de se la faire accroire plus aisément ; car une prédiction fondée sur un raisonnement clair, net et intelligible pour tous, ne fait pas fortune ; et ce que tout le monde entend, personne ne l’écoute.