Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/366

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prédictions, dont le nombre est infini, et qui sont un fruit de l’imposture ou de la folie, ont été faites après coup[1].

  1. On peut appliquer cette dernière explication à la prédiction dn poëte Virgile, sur la longue durée de l’empire romain, et qui, selon notre auteur, étoit tirée d’Homère. Je ne me souviens pas de l’avoir vue dans le poëte grec ; mais en supposant qu’elle s’y trouve réellement, il se pourrait que ce ne fût pas Virgile qui eût imité le poëte grec, mais que ce fussent, au contraire, les Grecs qui eussent imité Virgile ; et il ne seroit pas impossible que, sous les premiers empereurs, les Grecs, pour les flatter, eussent inséré ces deux vers dans les dernières copies d’Homère. Au reste, comme nous l’avons dit ailleurs, souvent la prédiction même est l’unique ou la principale cause de l’événement prédit ; savoir : lorsque les espérances ou les craintes qu’elle fait naître, et les actions ou omissions qui naissent de ces sentiment, sont des causes suffisantes pour produire cet événement. Supposons, par exemple que deux années étant prêtes à se livrer bataille, l’une des deux, supérieure à l’autre par le courage des soldats et l’habileté du général, soit actuellement intimidée par de sinistres présages, cette opinion pourra lui faire perdre la