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Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/386

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le plus sûr et le plus prompt pour faire fortune, est d’être toujours prêt à profiter des fautes d’autrui. Un serpent ne devient un dragon, qu’après avoir dévoré un autre serpent. Les vertus éminentes, et qui ont beaucoup d’éclat, n’attirent que des éloges ; mais il y a des vertus secrètes et cachées, qui contribuent davantage à notre fortune ; c’est une certaine manière élégante, délicate et aisée, de se faire valoir ; genre de talent que les Espagnols expriment, en partie, par le mot de desenvoltura[1], ce qui signifie que, pour faire fortune, il faut avoir, non un caractère roide et difficile, mais une âme souple, versatile, et toujours disposée à tourner avec la roue de cette fortune. Tite-Live voulant donner une juste idée de Caton-le-Censeur, et le bien caractériser, s’exprime ainsi à son sujet : la vigueur d’âme

  1. Qui répond au mot italien, disinvoltura, et qui paroit répondre à notre mot, aisance, dans les manières, les discours, etc.