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Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/387

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et de corps étoit-elle portée à tel point dans ce personnage, qu’en quelque lieu qu’il fût né il auroit fait sa fortune ? puis il ajoute : il avoit un génie souple et versatile. Pour peu qu’un homme ait la vue perçante, et regarde autour de lui, tôt ou tard il apercevra la fortune ; car, quoiqu’elle soit aveugle, elle n’est pas invisible. Le chemin de la fortune est semblable à la voie lactée ; c’est un assemblage de petites étoiles, dont chacune étant séparée des autres, seroit invisible, mais qui, étant réunies, répandent une lumière assez vive ; et pour parler sans figures, c’est un assemblage de facultés et d’habitudes (de talens et de vertus) déliées et imperceptibles[1].

  1. Voilà bien des mots qui ne donnent point le mot de l’énigme, et dont il ne résulte que de très vagues indications ; voici ce mot : le moyen de faire fortune est de flatter les passions de ceux dont on a besoin, sur-tout leur vanité, qui est la partie tendre de leur ame. C’est avec raison qu’on dit ordinairement, louer un homme, comme on dit, louer une maison ; car tout homme, spirituel