Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/389

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Selon eux, pour qu’un homme ait toutes les conditions requises, et soit assuré de réussir de parvenir, il faut qu’il ait un poco di matto (un grain de folie)[1]. En effet, il est deux qualités essentielles pour parvenir ; l’une, est d’avoir ce grain de folie, et l’autre, de n’être pas trop honnête homme. Aussi, ceux qui sont uniquement dévoués à la patrie ou au souverain, ont rarement de grands succès. Car, tandis qu’un homme, détournant ses regards de lui-même, les fixe sur un objet étranger à lui, il perd son chemin, et ne va pas à son propre but. Une fortune très rapide rend un homme présomptueux, turbulent, et, pour user d’une expression française, entreprenant ou remuant. Mais une fortune acquise avec peine augmente son habileté.

  1. Ce grain de folie lui donne des ridicules qu’on ne manque pus de relever : après avoir fait ces petites remarques, on est si content de soi, on se croit si sûr de sa supériorité, qu’on ne se défie pas de lui, et il avance à travers les sots qu’il amuse.