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PRÉFACE

sant ces fictions, je découvre quelquefois, entre le sens qu’elles présentent naturellement et la texture même de la fable, ou les noms des êtres mis en action dans la fiction, une analogie si exacte, si sensible et si frappante qu’on ne peut disconvenir que les inventeurs n’aient eu en vue ce sens même, et ne l’aient, à dessein, couvert du voile de l’allégorie ; car il n’est point de mortel, quelque aveugle et dépourvu d’intelligence qu’on veuille le supposer, qui ne conçoive à la première vue, que cette fable où il est dit qu’après la défaite et la mort des géants, la terre enfanta la renommée, qui fut ainsi, en quelque manière, leur sœur posthume, se rapporte à ces murmures et à ces bruits séditieux qui, après qu’une révolte a été assoupie, et presque entièrement étouffée, se répandent et voltigent encore pendant quelque temps ; ou qui, en lisant dans les poëtes, que le géant Typhon ayant coupé les nerfs à Jupiter, les emporta, et qu’ensuite Mercure les ayant