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DE LA SAGESSE

les arts méchaniques ayant leurs inconvéniens, ainsi que leurs avantages, sont comme autant d’épées à deux tranchans qui servent, tantôt à faire le mal, tantôt à y remédier ; et le mal qu’ils font quelquefois balance tellement le bien qu’ils peuvent faire, que leur utilité semble se réduire à rien[1]. Les productions nuisibles des arts, et ces arts eux-mê-

    sauver ; avec cette différence toutefois que le mal est cent fois plus facile à faire que le bien ; parce que le bien est le résultat de la réunion d’un grand nombre de conditions requises pour le faire exister ; au lieu que le défaut d’une seule de ces conditions suffit pour que le mal existe.

  1. L’eau noie et le feu brûle ; mais l’eau arrose et le feu vivifie. Il en faut dire autant des autres élémens, des femmes, des talens, des vertus et de tous nos moyens ou nos biens naturels, ou acquis. Nos plus grands biens et nos plus grands maux nous viennent des mêmes sources ; les choses dont nous avons le plus grand besoin étant ordinairement celles dont nous abusons le plus, parce que nous en usons plus souvent. Quand les mœurs sont corrompues, la multiplication des découvertes n’est qu’une multiplication de maux ; car alors