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Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/156

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DES ANCIENS.

tude de la nature, est hérissé de difficultés ; que l’homme est plongé dans les plus profondes ténèbres, qu’il ne sait rien, absolument rien ; que la vérité est au fond d’un puits ; qu’elle est tellement mêlée et entrelacée avec l’erreur, qu’il est impossible de démêler l’une d’avec l’autre ; car il est inutile de parler de la troisième académie, qui, sur ce point, a excédé toute mesure, et a porté le doute jusqu’à l’extravagance[1]. Ainsi les hommes doivent être bien persuadés que l’effet ordinaire de cette dénonciation des

  1. Arcésilas, Carnéades et Pyrrhon n’eurent d’autre tort, que celui d’avoir outré et exagéré deux opinions très sages de la première Académie. L’une de ces opinions étoit que, dans toute recherche ou discussion, pour se mettre en état de saisir ou de reconnoître la vérité, au cas qu’on la rencontre, il faut se tenir dans une parfaite indifférence sur l’affirmative et la négative, au lieu d’épouser d’abord certaines opinions avant de les avoir soumises à l’examen, et de chercher ensuite des argumens ou des sophismes pour les défendre envers et contre tous, comme on le faisoit dans les