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DE LA SAGESSE

caprice ait force de loi : puis, les peuples, indignés d’une telle conduite et las de l’oppression, tâchent d’enfanter aussi sans la coopération du prince se créant d’eux-mêmes quelque chef, et lui déférant le commandement ; cette insurrection a ordinairement pour cause les instigations et les sollicitations des grands, qui, une fois coalisés, tentent de soulever le peuple ; soulèvement d’où résulte, dans l’état, une sorte de gonflement figuré dans cette fable par l’enfance de Typhon. Cette agitation croit et est, en quelque manière, nourrie par la mali-

    sistance le fatigue ; et c’est pour s’épargner cette fatigue, qu’il s’efforce sans cesse d’augmenter son autorité ; c’est une sorte de paresse. De plus, le prince s’accoutumant peu à peu à la mesure d’autorité dont il est revêtu, et cessant de la sentir, cesse, par cela seul, d’en jouir ; et c’est encore pour renouveller en lui le sentiment de sa puissance, qu’il veut l’augmenter. Telles sont les deux principales causes du despotisme, et les deux importantes vérités que nous avons autrefois apprises, par notre propre expérience en régnant de