Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/395

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de systèmes se succéder, se supplanter, pour ainsi dire, et se dévorer les uns les autres ? tous sont partis d’une supposition fausse, ou hazardée, et tous ont disparu.

(i) Toute philosophie qui, en bâtissant, ou étayant un systême du monde, ne le suppose point dérivé du chaos, n’est qu’une philosophie superficielle. Non-seulement il est probable que l’univers a été dans le chaos ; mais il est très vraisemblable que, dans toute l’étendue de l’éternité, le chaos est de beaucoup plus longne durée, ou, si l’on veut, beaucoup plus fréquent que l’ordre, puisque les combinaisons irrégulières de la matière sont en beaucoup plus grand nombre que ses combinaisons régulières. De plus, si le système de l’univers n’est parvenu que par degrés à ce degré de régularité qu’il a aujourd’hui, on peut supposer qu’il se perfectionne encore de jour en jour, pour ne pas dire de siècle en siècle, d’âge en âge, etc. ou encore que ce grand tout, ainsi que ses parties, va en se perfectionnant, dans certains temps, et en dégénérant, dans d’autres temps ; ou enfin que, dans un méme temps, telles de ses parties se perfectionnent, tandis que d’autres dégénèrent, etc.

(k) Mais il doit être tout-à-fait abstrait… Il doit être abstrait, en ce sens qu’il ne tombe point sous les sens et ne ressemble à aucun objet sensible ; mais non en ce sens qu’il n’ait aucune