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des anciens.

pas encore assez vécu pour rassasier de lui-même, ni pour exciter l’envie, qui pourroit adoucir un peu ces regrets et tempérer cette compassion. De plus, ces lamentations et ces gémissemens, ce n’est pas seulement à leurs funérailles qu’ils se font entendre ; mais ils sont de longue durée, et se prolongent dans l’avenir. C’est sur-tout dans les grandes innovations et au commencement des grandes entreprises, qu’on peut regarder comme les rayons du soleil levant, qu’on voit ces regrets se renouveller.


XIII. Tithon, ou la satiété.


Une fable très ingénieuse dit que l’Aurore aima Tithon, et que, souhaitant de vivre éternellement avec lui, elle supplia Jupiter d’accorder à son amant le don de l’immortalité ; mais que, par une étourderie assez ordinaire dans une femme, elle oublia de demander aussi qu’il fût exempt de vieillir. En conséquence, Tithon, devenu immortel, mais vieillissant de plus en plus, et accablé des maux