Page:Bacon - Œuvres, tome 2.djvu/335

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Car si, laissant de côté ce que cette parabole peut avoir de plus fin et de plus ingénieux, nous supposions qu’un homme qui, depuis sa plus tendre enfance jusqu’à l’âge de maturité, eût vécu dans une caverne obscure et profonde, vînt à sortir tout-à-coup et à paroître au grand jour ; nul doute que cet homme, en contemplant ce magnifique et vaste appareil du ciel et des choses, frappé de ce spectacle si nouveau pour lui, ne conçût une infinité d’opinions fantastiques et extravagantes. Quant à nous, à la vérité, nous vivons sous l’aspect des cieux ; mais nos âmes pourtant demeurent renfermées dans nos corps, comme dans autant de cavernes, en sorte qu’il est force qu’elles reçoivent une infinité d’images trompeuses et mensongères, si elles ne sortent que très rarement de leurs cavernes et pour un temps fort court ; au lieu de demeurer perpétuellement dans la contemplation de la nature et comme en plein air. À cet emblème de Platon répond parfaitement bien cette parabole d’Hé-