Page:Bacon - Œuvres, tome 2.djvu/347

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cela peut avoir quelque chose d’étonnant ; mais bien peu d’importance et de dignité.

Or, l’art de la mémoire s’appuie sur deux moyens ; sur la prénotion et l’emblème. Nous appelons prénotion une idée anticipée qui sert à resserrer et limiter une recherche sans fin. Lorsqu’on veut se rappeler quelque chose, si l’on n’en a une certaine prénotion, un certain aperçu, on cherche sans doute et l’on prend bien de la peine, l’esprit errant çà et là, et se perdant pour ainsi dire dans l’infini. Mais si l’on a quelque notion de ce que l’on cherche, dès-lors l’infini est, en quelque manière resserré ; et la mémoire va cherchant plus près d’elle : il en est de cela comme de la chasse au daim dans un parc. Aussi l’ordre aide-t-il manifestement la mémoire. Nous sommes alors aidés par cette prénotion : que ce que nous cherchons doit avoir quelque rapport avec cet ordre. C’est ainsi que les vers sont plus aisés à apprendre par cœur, que la prose. Car,