Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/113

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Le seul conseiller qui plaise, c’est le temps.

Il n’est point d’innovation qui ne fasse tort à quelqu’un, parce qu’elle arrache ce qui est établi[1].

En supposant même que les choses auxquelles un long usage a fait prendre pied soient mauvaises, elles ont du moins cet avantage qu’elles s’ajustent les unes aux autres[2].

  1. C’est un fort grand abus que de vouloir ôter d’un seul coup tous les abus ; car souvent en ôtant l’abus, vous déplacez les honnêtes gens qui sont assis dessus ; et ce déplacement, vous n’avez pas droit de le faire, si vous n’avez des moyens tout prêts pour remettre dans des places, ou meilleures, ou du moins égales, tous ceux que vous allez déplacer : principe qui s’applique singulièrement aux loix somptuaires. Il est une infinité de choses inutiles en elles-mêmes, et même nuisibles, qui nous sont devenues nécessaires par l’habitude ; et avant de nous les ôter il faut d’abord nous apprendre à nous en passer, ou savoir les remplacer.
  2. Il en est d’un nouveau régime politique, comme d’un habit neuf : avant qu’il se fasse à la taille, on a long-temps à souffrir ; mais après tout,