Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/13

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mauvais parti, c’était pour cette raison là même qu’il se donnoit tant de peine pour devenir éloquent, et donner à ses discours toute la grâce possible ; ne sachant que trop qu’il n’est pas donné à tout homme de bien parler sur des sujets bas et odieux ; au lieu que sur les choses honnêtes, il n’est personne qui ne le puisse. Rien de plus élégant que ce mot de Platon à ce sujet, quoiqu’il soit déjà devenu trivial. Si la vertu, dit-il, pouvoit devenir visible, à l’instant tous les hommes en deviendroient éperdument amoureux. Or, c’est la rhétorique qui a vraiment le talent de peindre la vertu ; c’est elle qui sait la rendre visible. En effet, comme il est impossible de la montrer sous une image corporelle, reste donc à employer la magie du discours pour la représenter à l’imagination le plus vivement qu’il est possible, et la rendre perpétuellement présente. Car c’est avec raison que Cicéron tourne en ridicule les Stoïciens, qui se donnoient des peines infinies pour faire entrer la