Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/15

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par son entremise ménageant une alliance entre la raison et l’imagination, les ligue toutes deux contre les passions ; car il est bon d’observer que les affections elles-mêmes se portent toujours vers le bien apparent, et c’est en cela qu’elles ont quelque chose de commun avec la raison ; mais il y a entre elles cette différence, que les affections envisagent principalement le bien présent ; au lieu que la raison portant ses regards plus au loin, envisage aussi l’avenir, et en tout considère la somme. Ainsi, tant que les objets présens remplissent l’imagination, et la frappent plus fortement, la raison succombe, et est comme subjuguée ; mais dès que par la magie de l’éloquence, et par la force de la persuasion, les objets futurs et éloignés sont rendus visibles et comme présens, alors enfin l’imagination passant du côté de la raison, la raison demeure victorieuse.

Concluons donc que nous ne devons pas plus faire un crime à la rhétorique