Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/170

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se que l’acquisition et la jouissance des choses conformes à notre nature ; et quoique ce bien-là soit simple et naturel, il paroît que, de tous les biens, c’est le plus flasque et le moins noble. De plus, ce bien-là même est susceptible d’une certaine différence sur laquelle tantôt le jugement humain a vacillé, tantôt on a omis toute recherche. Car toute la dignité et tout le prix de la jouissance, ou de ce qu’on nomme l’agréable, consiste ou dans la pureté de cette jouissance, ou dans son intensité ; deux choses dont l’une est l’effet de l’uniformité ; et l’autre, celui de la variété de la vicissitude. L’une est moins mélangée de mal ; l’autre a une teinte plus forte et plus vive de bien. Mais laquelle est préférable ? c’est ce qu’on n’a point décidé. Enfin, la nature humaine peut-elle retenir l’un et l’autre à la fois ? c’est ce qu’on n’a pas même pris la peine de chercher.

Or, quant à ce point, qui n’est pas décidé, c’est une question qu’ont commencé à discuter Socrate et certain so-