ment ; savoir que le bien perfectif a la prééminence sur le bien conservatif ; parce que l’accomplissement de nos désirs semble perfectionner peu-à-peu notre nature. Et quoiqu’il n’ait rien moins qu’un tel effet, néanmoins ce mouvement en cercle a quelque apparence de mouvement progressif.
Quant à la seconde question ; savoir : si la nature humaine ne peut pas retenir à la fois la tranquillité d’âme et l’intensité de la jouissance : une fois bien décidée, elle rendroit la première oiseuse et superflue. Car ne voit-on pas assez souvent des hommes constitués et organisés de manière à goûter même vivement les plaisirs lorsqu’ils s’offrent à eux, et à en supporter la perte assez patiemment ? En sorte que cette gradation philosophique : garde-toi de jouir, de peur de désirer : garde-toi de désirer, de peur de craindre, a je ne sais quoi de timide et de pusillanime. Certes, la plupart des doctrines des philosophes nous paroissent trop timides, et pren-