Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/213

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s’il est quelqu’un qui prenne la peine de les lire et de les méditer, ce ne sont point du tout des hommes dont le jugement soit mûri par l’âge, mais des enfans et des novices auxquels on les abandonne. N’est-il pas également vrai que les jeunes-gens ont encore moins d’aptitude pour la politique que pour la morale, avant d’être parfaitement imbus de la religion et de la doctrine des mœurs et des devoirs ? car, sans ces études préliminaires, leur jugement étant dépravé et corrompu d’avance, ils pourroient tomber dans cette opinion : qu’il n’est point de vraie moralité dans les choses humaines, et qu’il faut tout mesurer d’après l’utilité ou la succès, comme le dit certain poëte :

Et c’est le crime heureux qu’on appelle vertu ;

et il ajoute :

Et pour prix d’un forfait qui fût au fond le même,
L’un obtint une croix, et l’autre un diadème.